Presque 40 % de pertes non couvertes par l’assurance récolte foin
Appuyés par le président général de l’UPA, les agriculteurs de la région demandent au ministre de l’Agriculture d’agir.
Rouyn-Noranda, le 22 février 2024. – Les producteurs et productrices agricoles de l’Abitibi-Témiscamingue sont extrêmement déçus et dépités, mais pas surpris, du dernier versement de l’assurance récolte, en lien avec la sécheresse historique de l’été 2023, qui a été émis le 22 février.
Dès le mois de septembre, la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue avait alerté La Financière agricole du Québec (FADQ) et le ministre de l’Agriculture, lors d’une conférence de presse, que le manque à gagner lors de la deuxième fauche serait énorme si la FADQ s’en tenait à ses grilles d’analyse. Or, ces grilles ne fonctionnent pas lors d’une année de sécheresse exceptionnelle comme celle qui a été vécue lors de l’été 2023.
L’écart entre ce que l’assurance récolte foin a payé aux producteurs et productrices et les pertes réelles reconnues par la FADQ sur le terrain, pour la deuxième période de fauche en Abitibi-Témiscamingue, est de 5 097 769,18 $.
« Les productrices et producteurs agricoles de l’Abitibi-Témiscamingue ont été durement touchés par la sécheresse en 2023. Les pertes de fourrages sont hors normes et se traduisent par d’importantes pertes financières pour les entreprises de la région. Le règlement d’assurance récolte proposé est insuffisant et les versements doivent refléter la réalité vécue par les agriculteurs sur le terrain », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.
La FADQ reconnaît elle-même que les pertes de foin sur le terrain ont été de 48,9 %. Par contre, selon ses critères d’analyse basés sur les données de stations météo, les pertes n’auraient été que de 10,1 %. Les producteurs et productrices doivent donc assumer la différence de 38,8 % de pertes de leur poche, ce qui met plusieurs entreprises en péril.
Les producteurs et productrices assument 40 % des coûts du Programme d’assurance récolte et ils s’attendent à ce que le Programme couvre les pertes réelles le plus possible. Les deux premières avances versées en assurance récolte foin, pour 2023, ont été tellement décevantes que face au manque de liquidités pour acheter le foin nécessaire, certains propriétaires ont fait le choix de vendre des animaux reproducteurs. Malheureusement, le versement à venir ne fera pas en sorte de freiner cette tendance, ce qui est très négatif pour l’avenir de la production animale de notre région.
« Ça aura des conséquences sur plusieurs années, car les producteurs, qui ont vendu une partie de leur troupeau, auront moins de revenus dans les prochaines années. Ça fragilise l’agriculture régionale. Pourtant, on ne demande pas la charité. On souhaite que l’assurance, pour laquelle les producteurs paient, comble les dommages causés par la sécheresse », a indiqué le président de la fédération régionale de l’UPA, Pascal Rheault.
Malgré la pluie du mois d’août, le foin n’a pas poussé lors de la deuxième coupe, car les plantes étaient en dormance ou mortes en raison de la sécheresse. Or, comme les stations météo ont capté de la pluie, il devrait y avoir eu du foin selon les grilles de pertes de la FADQ. « On le martèle sur toutes les tribunes depuis plus de six mois, les grilles d’analyse ne fonctionnent pas dans une année comme on a eue. On veut rencontrer rapidement le ministre et il doit mettre en place un programme spécial pour compenser les agricultrices et agriculteurs », a mentionné M. Rheault.
« On se retrouve dans une situation où la FADQ reconnaît que les dommages ont été plus grands que ce qu’elle a payé aux producteurs, mais elle ne versera rien de plus. Donc, en plus d’avoir payé leur franchise de 5,6 M$ et leur cotisation annuelle, les producteurs devront aussi assumer ce que leur assureur refuse de leur verser. Ça ne fait aucun sens et on va défendre les producteurs et productrices », a mentionné M. Rheault.
Lors de son passage en Abitibi-Ouest, l’été dernier, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a mentionné qu’il a demandé à la FADQ « d’étirer le cadre au maximum » afin d’indemniser les producteurs. « Or, ce n’est pas l’impression que l’on a eue dans nos discussions avec la FADQ qui s’en est tenue au cadre établi, même si la situation vécue en région, l’été dernier, est exceptionnelle », indique M. Rheault.
La Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue demande maintenant une intervention spéciale du ministre de l’Agriculture afin de soutenir les producteurs et productrices qui ont été fragilisés par la sécheresse de 2023.
- Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles
- Pascal Rheault, président de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue
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