Rouyn-Noranda, le 6 mai 2025. – En marge de la Tournée de la Confédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA), la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue reçoit, aujourd’hui, Mme Stéphanie Levasseur, deuxième vice-présidente générale de l’UPA, pour faire le point sur plusieurs enjeux majeurs qui freinent le développement de l’agriculture régionale et menacent la souveraineté alimentaire.
Une agriculture stratégique, au cœur de l’économie régionale
L’Abitibi-Témiscamingue compte plus de 600 entreprises agricoles qui occupent près de 110 000 hectares de terres en culture et génèrent plus de 160 millions de dollars de revenus agricoles annuellement, en plus de soutenir des milliers d’emplois directs et indirects. Par contre, le potentiel agricole est immense puisque seulement 17 % de la zone agricole, qui compte 633 000 hectares, sont exploités. Les fermes de la région possèdent plus d’un milliard de dollars d’actifs et investissent des millions de dollars chaque année dans l’économie de la région.
« L’agriculture joue un rôle fondamental dans notre vitalité économique, notre occupation du territoire et notre sécurité alimentaire. Mais nos entreprises sont confrontées à des défis de plus en plus grands, et elles doivent être mieux soutenues », souligne M. Pascal Rheault, président de la fédération régionale de l’UPA.
« Nos entreprises représentent un atout incontestable à la santé et au mieux-être des Québécoises et des Québécois, à la vitalité de nos communautés, au développement dynamique du territoire, à la beauté des paysages ainsi qu’à l’atteinte d’objectifs environnementaux ambitieux. Il est impératif de les soutenir davantage, car rien n’est plus important que la sécurité alimentaire de nos concitoyens et le développement de nos régions », complète Mme Stéphanie Levasseur, deuxième vice-présidente générale de l’Union des producteurs agricoles.
Un système de bourse du carbone qui pénalise injustement les producteurs agricoles québécois
Alors que le gouvernement fédéral a dernièrement annulé sa taxe carbone, les producteurs agricoles québécois sont toujours pleinement soumis à la bourse du carbone du Québec. Bien que l’agriculture ne soit pas directement visée par la tarification carbone, il y a des répercussions indirectes réelles pour les fermes d’ici.
À ce jour, il n’existe pas de solutions de rechange réellement viables aux énergies fossiles pour de nombreux usages agricoles, notamment pour la machinerie et le séchage du grain. Les entreprises d’ici sont donc moins compétitives vis-à-vis leurs voisines de l’Ontario en raison des coûts importants reliés à la tarification carbone. L’UPA demande, depuis des années, le remboursement des coûts associés à cette tarification, ou, à défaut, le réinvestissement intégral des sommes perçues auprès des producteurs agricoles dans des programmes de soutien à des mesures structurantes pour le secteur.
La gestion de l’offre sous pression sur la scène internationale
La renégociation annoncée de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) suscite de grandes inquiétudes. Le système de gestion de l’offre, qui assure des prix stables, des produits de qualité et une occupation dynamique du territoire dans la production de lait, d’œufs et de volailles, est de plus en plus ciblé par nos partenaires commerciaux, notamment les États-Unis de Donald Trump. Il faut s’assurer que le gouvernement canadien fraîchement élu protège intégralement la gestion de l’offre pour la survie du modèle de ferme familiale.
Un soutien collectif mal adapté à la réalité du terrain
Les programmes de soutien aux revenus ou à l’assurance récolte, comme ceux concernant les pertes de rendement en foin, fonctionnent selon des modèles collectifs basés sur des données de stations météo situées un peu partout en région. Lors de la sécheresse historique de 2023, nous avons constaté que cette façon de faire n’est pas adaptée lors de grandes catastrophes. Le système doit s’adapter et indemniser individuellement les producteurs selon les pertes réelles subies. Le système collectif actuellement utilisé ne répond plus du tout aux besoins.
« Un producteur peut subir des pertes majeures sans recevoir de soutien simplement parce qu’il est tombé de la pluie sur la station météo, qui peut être située à 15-20 kilomètres de chez lui. Il est temps de revoir ces programmes pour offrir un soutien individualisé et équitable », déclare le président de la fédération régionale de l’UPA, M. Pascal Rheault.
Favoriser l’achat local pour préserver l’agriculture de proximité
L’achat local est un levier puissant pour maintenir des fermes familiales vivantes dans nos régions. Pourtant, les produits québécois sont souvent en compétition avec des aliments importés produits à moindres coûts, parfois dans des conditions sanitaires, sociales et environnementales inférieures.
La Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue invite les gouvernements à poser des gestes forts pour soutenir une agriculture durable, équitable et enracinée sur le territoire.
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