J'ai vu plusieurs de vos champs à l’été 2023. Le ministre de l’Agriculture et le PDG de La Financière agricole du Québec (FADQ) ont aussi constaté l’ampleur du désastre naturel.
Mais vous savez aussi bien que moi que le gouvernement fonctionne avec des normes, des critères et des cases à cocher. Or, lorsque la réalité du terrain ne correspond pas aux critères, c’est très difficile de convaincre le gouvernement du contraire.
D’ailleurs, dès le mois d’août, nous savions dans quoi nous nous engagions, alors que les champs étaient déserts, mais qu’il tombait suffisamment de pluie pour que les stations météo ne déclenchent pas. C’est exactement ce qui s’est produit et le manque à gagner pour vos entreprises se chiffrait en millions de dollars.
Le comité ASREC foin, formé par la fédération régionale étant donné la problématique de la sécheresse, a multiplié les représentations à la FADQ pour démontrer que le système n’avait pas bien fonctionné. Cela a mené la FADQ à envoyer un paiement de 2,4 M$ à 216 producteurs et productrices de la région, au début novembre. C’était un premier petit gain, mais c’était loin d’être suffisant. Lorsque le paiement final d’environ 500 000 $ a été annoncé en février 2024, nous avions vivement réagi. La FADQ nous a mentionné qu’elle avait étiré son cadre au maximum et ne pouvait aller plus loin.
C’est à ce moment que le dossier est devenu davantage politique et que nous avons tenu une rencontre avec le ministre de l’Agriculture, le 18 mars. Il a alors annoncé que si le programme Agri-relance du gouvernement fédéral ne déclenchait pas, il y aurait un programme spécial du MAPAQ, sans passer par la FADQ.
Agri-relance nous semblait peu approprié, les expériences du passé nous ayant démontré que ce programme paie peu. Nous nous doutions que si l’aide devait passer par une initiative ministérielle, elle serait d’un maximum de 50 000 $ par entreprise, une règle du Conseil du trésor, et le ministre ne voulait absolument pas s’adresser à nouveau à la FADQ.
Au départ, l’offre gouvernementale était substantiellement moins élevée que ce qui a été annoncé. Par contre, j’ai obtenu du conseil général de l’UPA, qui regroupe toutes les régions et les spécialités, la priorisation du dossier de la sécheresse en Abitibi-Témiscamingue dans ses négociations avec le gouvernement. C’est ce qui a fait que l’offre a augmenté à 150 $ par vache et 20 $ par chèvre et agneau.
Ça ne comble pas tout
Je suis le premier à être conscient que l’aide ne couvrira pas toutes les pertes de toutes les entreprises. Par contre, refuser cette offre finale aurait signifié devoir se battre encore plusieurs mois sans avoir la certitude d’obtenir davantage. Notre rôle était d’effectuer toutes les pressions possibles, de démontrer les réalités du terrain et les besoins, ce que nous avons bien fait. Maintenant, ce n’est pas nous qui décidons des règles, et nous ne « signons pas le chèque » comme on dit.
Merci à tous et toutes de votre soutien dans nos mobilisations!